Handicap et Logistique : découvrez l'interview de Joëlle Facon, Responsable administrative de l'agence de Mitry-Mory

RH/Formation
Publié le 17 novembre 2021

Temps de lecture : 4 minutes

Bonjour, Joëlle Facon, je suis Responsable Administrative à l’agence logistique de Mitry-Mory depuis environ 2 ans. Récemment, j’ai accompagné un salarié dans ses démarches liées à sa reconnaissance en tant que travailleur handicapé et dans l’aménagement de son poste.

  • Comment avez-vous eu connaissance de la situation de ce salarié ?

Les démarches ont vraiment démarré par le biais de l’assistante sociale de l’ACMS qui a fait un signalement auprès de Cap Emploi. Le salarié était en contact avec eux, il avait énormément peur d’être licencié malgré les échanges qu’on pouvait avoir avec lui.

Nous étions déjà au courant de son handicap : notre volonté était de le maintenir dans l’emploi.

Il a fallu beaucoup échanger et créer une coalition entre nous pour pouvoir le rassurer complètement et pouvoir l’accompagner. On a été beaucoup aidé par Cap Emploi, notamment pour la partie d’accompagnement psychologique. Je trouve que c’est un organisme vraiment formidable.

  • Quel est le handicap de ce salarié ?

Il souffre d’une déficience visuelle due à une maladie évolutive, ça se traduit par un champ visuel rétrécit. Il a également eu une crise cardiaque sur site qui nécessite des aménagements en termes d’efforts.

  • Quelles craintes avaient ce salarié ?

Il travaille chez nous depuis 2014. Le statut « handicapé » en lui-même est intimidant. Il avait peur d’être considéré comme n’étant plus assez rentable et productif. Il y avait aussi la question de l’âge, car à 57 ans, qu’on soit en situation de handicap ou non, le retour à l’emploi peut être une problématique. On peut avoir peur de « quitter les rails », de ne pas être en mesure de retourner dans l’emploi. Tout ça lui faisait énormément peur. Grâce à l’accompagnement que nous avons eu en tant qu’employeur, nous avons réussi à procéder à un reclassement de ce salarié à un autre poste dans l’entreprise.

  • Quelle a été la nature du reclassement ?

Le salarié était Agent Logistique Cariste. Il a été reclassé Magasinier Inventoriste pour limiter au maximum le port de charge. Aujourd’hui, il ne peut plus porter de poids supérieurs à 15 kg et il ne peut plus conduire de chariot élévateur.

  • Quel(s) aménagements ont été réalisés suite à ce reclassement ?

Il y a beaucoup de chariots élévateurs en mouvement dans nos bâtiments. Pour des raisons de sécurité, pour lui et pour les autres, il ne peut plus aller dans les allées. Nous avons fait installer des barrières de protection autour de son poste de travail afin de limiter les risques. Il reste désormais sur place et un autre magasinier lui apporte l’ensemble des pièces à inventorier sur son poste de travail.

Nous avons également soulevé un point qui nous a semblé problématique lors des réflexions sur les aménagements de poste possibles. Ce salarié venait travailler en voiture. Compte tenu de son handicap, nous nous interrogions sur la responsabilité de l’employeur. Là encore, les organismes nous ont beaucoup aidé à trouver une solution. Aujourd’hui, notre collaborateur vient travailler en taxi. Une partie est prise en charge et ses trajets domicile/travail sont sécurisés.

  • Combien de temps ont durées l’ensemble des procédures ?

Le projet a été enclenché en juillet 2020 et le salarié a commencé son nouveau poste en avril 2021. Je trouve que l’ensemble a été relativement long.

  • Vous êtes-vous heurtée à des difficultés administratives ?

J’avoue qu’au début j’ai eu un petit moment de panique lorsque j’ai consulté le questionnaire qu’il fallait compléter car certainement parties semblaient relativement complexes. Ce dossier était une première pour moi. Heureusement, nous avons été beaucoup aidés par Cap Emploi dans toutes nos démarches, que ce soient les demandes d’aides auprès de l’Agefiph, et les solutions d’aménagement pour le salarié.

Tous les handicaps sont différents, je pense que chaque dossier est unique et chacun se traite différemment. C’est important de savoir que les organismes sont là pour nous aider.

  • Comment votre collaborateur a-t ’il vécu son reclassement ?

Nous avons fait confiance au salarié et il nous a fait confiance aussi. Pendant quelques mois il y a eu des petits flottements, le temps de s’adapter à un nouveau poste et à de nouveaux collègues. Aujourd’hui il est apaisé et a retrouvé ses marques.